OWA . Buck (2022)
Musiques du monde contre musique des mondes : le premier album du groupe Buck ressemble à une séance de spiritisme pendant un tremblement de terre.
Des rêves intenses et agités de voyages éclairs dans l’empire Inca post-conquistadors, à La Nouvelle-Orleans un jour de Mardi-Gras cyclonique, à Chicago ou New York pendant la grande libération du jazz, à Addis-Abeba pendant l’invention de l’éthio-jazz : voici en quelques images les inspirations du premier album.
Une musique panoramique et transversale, toujours afrocentrée, qui tire son charme et sa singularité de l’économie de moyens. Une batterie, deux saxophones, un trombone, un tuba et une guitare : rien de plus.
Dans cet opus, simplicité et sauvagerie radicales indiquent le chemin, mieux que n’importe quel GPS. Le mode opératoire de l’enregistrement reprend d’ailleurs celui des studios mythiques : enregistrer à la manière des premiers groupes de jazz et de rock, c’est-à-dire entrer dans la pièce pour graver en direct la fragilité et la force du moment unique de la prise live.
Ce premier album du groupe apparaît comme un voyage initiatique au travers de lieux vécus ou pensés. Cette invitation au voyage s’est dessinée de manière fortuite au travers de compositions collectives inspirées de cultures irisées. L’ensemble révèle pour autant une évidente tonalité rock dans laquelle des cuivres rugissants se confrontent aux guitares sur-amplifiées.
Mangouste
Une guitare peule, une batterie ternaire à la Elvin Jones, un baryton ensablé … Ce titre dédié au renard du désert à l’instinct grégaire reflète l’aridité rock et nerveuse du son qui s’en dégage. A moins que la partie de basse blues, qui nous cloue sur notre siège de spectateur cinéphile, ne nous propose une épopée des plus brutales au temps de la conquête de l’ouest.
Vilcabamba
à l’ombre des Andes, cachée sous la végétation luxuriante de la forêt amazonienne, se cache l’un des plus incroyables trésors secrets du Pérou. Vilcabamba est le dernier refuge des Incas … Le pattern répétitif de ce morceau peut être traduit comme une fuite en avant, l’évidence d’un drame dont l’issu est connu. Un choral liturgique met un terme à un solo de trombone insoutenable. Il marque l’incohérence des temps, entre recherche de la grâce et extinction de cultures.
Perrache
Quartier lyonnais où les 6 membres du groupe créent leur univers musical, on y croise sans cesse des situations inattendues, entre arrivées et départs permanents. Ce titre très rock laisse la part belle à une improvisation de saxophone ténor tentant de s’extirper du moyeu ferroviaire où une foule composée d’individus pressés, de badauds, d’égarés, d’abandonnés ou d’amoureux s’entremêlent dans une atmosphère kafkaïenne.
Téhila
« Amoureux » en siou. Le titre est comme une partie qui se joue en deux manches. La première est emprunt de liberté suave, d’un romantisme certain, d’une invocation à l’affectueuse légèreté du plaisir partagé… La deuxième mute. Les rapports se durcissent et les explosions retentissent dans un rapport devenu fanatique. La batterie omniprésente accompagne cet état second vers le sommets.
Gao
Carrefour fluvial et caravanier du moyen Age africain, cette ville malienne fut approchée par les musiciens du groupe lors de tournées consacrées à la musique mandingue et afrobeat. Le dépaysement y est total. La chaleur du brasier malien raisonne dans des mélodies d’allégresse offertes à la danse des sables.
Tébo
Un 7/4. Une musique sérielle menée par la section cuivre. Un canon ponctuant un solo arachnéen. Une esthétique pop qui rappelle Jaga Jazzist, Tébo apparaît comme un titre surréaliste en trois actes. Pourtant l’écoute y demeure limpide et simple.
équipe
SIMON GIRARD trombone
LEO OUILLON sax ténor & flûte traversière
NICOLAS MONDON guitare
NANS PAULET tuba
THOMAS PIERRE batterie
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JULIEN JUSSEY prises & mix
ANTHONY MENETRIER mastering
BACO DISTRIB distrib
OUCH ! RECORDS label
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THOMAS PIERRE clips
LEO OUILLON graphisme
Presse
« On retrouve dans cette formation la crème des musiciens de la sono-mondiale »
« La fine fleur du groove expérimental »
« Avec une liberté créatrice revendiquée et une approche assez radicale, le groupe joue un jazz tellurique sur-amplifié, panoramique et transversal »
« C’est la relève de l’avant-garde du jazz régional !
Le septet Buck atterrit avec fracas pour un premier album détonant. Une énergie simple combinée à une sauvagerie radicale, c’est la rencontre tonitruante des musiques afro-atlantiques avec la culture du rock noise. Comme souvent, c’est le jazz qui opère pour faire le liant, entre riffs ravageurs et impros virevoltantes. »